Récemment, les progrès en matière d’inflation semblaient bloqués ou, au pire, en train de s’inverser : un indicateur étroitement surveillé des hausses de prix sous-jacentes – un indice qui exclut les catégories très volatiles – n’avait pas bougé depuis des mois.
Mercredi, ça s’est débloqué.
L’indice des prix à la consommation (IPC), très surveillé, a ralenti pour la première fois depuis des mois, selon les données du Bureau of Labor Statistics publiées mercredi. Ce chiffre, associé à des données sur l’inflation de gros meilleures que prévu reçues mardi, a stimulé l’optimisme sur les marchés.
Les marchés boursiers américains ont grimpé en flèche mercredi matin, la publication de l’indice des prix à la consommation ayant renforcé les espoirs des traders quant à la poursuite de la campagne de baisse des taux de la Réserve fédérale cette année. Le Dow Jones a gagné près de 700 points dans les échanges matinaux, tandis que le S&P a progressé de 1,69% et le Nasdaq Composite de 2%.
L’IPC mesure les variations de prix des biens et services couramment achetés
Dans l’ensemble, l’IPC a augmenté plus que prévu, en hausse de 0,4 % par rapport à novembre et en hausse de 0,2 point de pourcentage pour atteindre un taux annuel de 2,9 %. Cependant, la hausse mensuelle a été principalement due aux prix de l’essence et des denrées alimentaires.
Les prix de l’énergie, notamment ceux du gaz et des carburants, ont représenté 40 % de la hausse mensuelle globale. Les prix des denrées alimentaires sont également restés élevés, les principaux produits de base comme la viande et les œufs continuant de subir les pressions des conditions météorologiques et des maladies, respectivement.
L’alimentation et l’essence sont deux des sources les plus visibles et les plus fréquentes d’inflation pour les consommateurs. Et lorsque les prix augmentent dans les zones où les gens, en particulier les Américains à faibles revenus, dépensent la majeure partie de leur budget mensuel, c’est une situation décourageante.
Dans le contexte des mesures de l’inflation, l’énergie et l’alimentation sont deux des catégories les plus volatiles et peuvent connaître de fortes fluctuations en raison de facteurs considérés comme ponctuels.
Hors énergie et alimentation, l’indice des prix à la consommation (IPC) de base, très surveillé, a ralenti pour la première fois depuis des mois, n’augmentant que de 0,2 % par rapport à novembre et s’abaissant à 3,2 % après être resté bloqué à 3,3 % depuis septembre 2024.
« Les marchés ont réagi positivement ce matin pour une bonne raison : la Réserve fédérale accepte de voir l’IPC global augmenter temporairement si cette augmentation ne se répercute pas sur l’IPC de base, et c’est ce qui s’est produit en décembre », a écrit Eugenio Aleman, économiste en chef de Raymond James, dans une note publiée mercredi.
Les économistes s’attendaient à une hausse de l’inflation de 0,3 % par rapport à novembre et à une hausse annuelle de 2,8 %, principalement en raison des attentes concernant la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Les estimations consensuelles de FactSet anticipaient un ralentissement de l’inflation de base sur une base mensuelle, mais un maintien à 3,3 % sur l’année.
Des progrès mais des augmentations « douloureuses » pour les besoins de première nécessité
Le rapport de mercredi marque la dernière lecture de l’IPC pour 2024 et la dernière avant que le président Joe Biden ne remette les clés au président élu Donald Trump.
Si les causes de cette récente poussée d’inflation sont multiples et largement liées à la pandémie de COVID-19 et à ses conséquences, la forte hausse des prix a durement touché les Américains et s’est avérée être un facteur déterminant lors des urnes.
Les prix des articles de tous les jours sont 21 % plus élevés qu’en 2021. (Sur une période typique de quatre ans, les prix ont tendance à augmenter d’un peu moins de 10 %, selon les données du BLS).
L’inflation a considérablement ralenti depuis qu’elle a atteint un sommet de 9,1 % en juin 2022. Cependant, le retour à des taux d’inflation plus typiques devait être très irrégulier, et cette instabilité s’est pleinement manifestée en 2024.
L’IPC a commencé l’année dernière à 3,1%, a bondi en mars – une hausse que l’on craignait comme une nouvelle accélération -, ce qui a permis d’écarter toute possibilité de baisse des taux d’intérêt, mais n’a finalement pas duré longtemps. L’inflation des prix à la consommation a ralenti jusqu’à 2,4% en septembre, mais comme l’ont montré les trois derniers mois, le retour à la normale n’est pas facile.
Et même si les marchés ont salué ces données en raison de la façon dont elles pourraient influencer la lutte de la Fed contre l’inflation et toute réduction future des taux d’intérêt élevés, cela n’enlève rien au fait que « c’était un rapport particulièrement douloureux » pour les consommateurs américains, a noté Robert Frick, économiste d’entreprise chez Navy Federal Credit Union.
« Le coût des biens de première nécessité qui pèse sur le budget des ménages, en particulier pour les Américains à faibles revenus, est l’une des principales raisons de la hausse de l’inflation en décembre », a-t-il écrit. « Il s’agit notamment de la hausse des prix des denrées alimentaires, dans les restaurants et les épiceries, de l’énergie, du logement et de l’assurance automobile. »
